Vision
L’intrapreneuriat permet aux entreprises de gagner en agilité, en capacité à innover et d’entrer de plein pied dans le « travail de demain ». C’est en unissant chercheurs et praticiens dans une dynamique apprenante que l’on pourra relever le défi de sa mise en œuvre.
L’intrapreneuriat n’est pas une mode: il anticipe le « travail de demain »
L’intrapreneuriat fait l’objet d’un engouement croissant depuis quelques années, avec la mise en place, par de nombreuses entreprises, de programmes ambitieux destinés à favoriser l’émergence de projets innovants et à accompagner les employés intrapreneurs.
Les crises successives que nous traversons amènent certains responsables à questionner le bien-fondé de ces programmes, au risque de laisser penser que l’intrapreneuriat n’est qu’une « mode managériale » de plus.
Pourtant, même si les pratiques intrapreneuriales connaissent des fluctuations, elles existent depuis longtemps et gagnent en popularité à chaque transition économique majeure. Elles constituent une nouvelle forme de travail plus pertinente que jamais, car adaptée au contexte d’incertitude actuel et préfigurant le « travail de demain ».
En effet, les valeurs et les attitudes propres à l’intrapreneuriat, comme l’autonomie, l’engagement, l’agilité ou l’esprit d’ouverture et de coopération résonnent avec l’évolution des mentalités et les attentes d’employés désireux d’instaurer un nouveau rapport avec leur entreprise et de contribuer, au-delà de leurs tâches quotidiennes, aux grands enjeux sociétaux et environnementaux.
Une mise en œuvre difficile
De nombreuses entreprises ne parviennent pas à tirer pleinement profit de leurs « investissements » – parfois conséquents – en intrapreneuriat. Ceci n’est pas un phénomène nouveau : quels que soient l’époque et le contexte, la plupart des entreprises sont confrontées aux mêmes problèmes. On retrouve parmi les plus courants, une méconnaissance de la nature et des enjeux de l’intrapreneuriat, un appui en pointillé (stop and go) de la part des dirigeants ou encore des erreurs ou des oublis dans la conception des dispositifs mis en place.
Pour surmonter ces difficultés, il est nécessaire de reconnaître qu’il n’y a pas de solution toute faite et que le succès du dispositif intrapreneurial dépend de son alignement avec les objectifs et caractéristiques spécifiques de l’organisation. Par conséquent, il est indispensable d’engager, en amont, une réflexion approfondie impliquant l’ensemble des parties prenantes et d’éviter d’adopter des solutions toutes faites, développées pour d’autres entreprises dans d’autres contextes.
Une source de bénéfices importants pour les organisations
L’étude des pratiques de l’intrapreneuriat révèle qu’elles contribuent à la fois au développement du capital humain et à la performance économique de l’entreprise. Sur le plan humain, l’intrapreneuriat contribue à stimuler la motivation et l’engagement des employés, à attirer et retenir les talents et à accélérer l’apprentissage individuel et collectif et la transformation culturelle des organisations. Sur le plan de la performance, l’intrapreneuriat permet de diversifier et d’enrichir le portefeuille d’innovations de l’entreprise et de générer de nouveaux revenus. Il favorise une meilleure exploitation des actifs sous-utilisés, contribue à réduire le time-to-market d’offres et de produits innovants, et participe ainsi à la compétitivité des entreprises. Enfin, l’intrapreneuriat est une approche frugale qui permet de limiter les risques et les coûts inhérents à l’exploration.
Vers la professionnalisation de l’intrapreneuriat
Pour tirer pleinement profit de l’intrapreneuriat, les managers impliqués doivent se professionnaliser. Ils doivent adopter des méthodologies rigoureuses et profiter des retours d’expérience issus de la recherche et de leurs pairs plus expérimentés. Ils doivent acquérir une vision d’ensemble des principales options qui s’offrent à eux et comprendre leurs avantages et enjeux spécifiques. Ils doivent être en mesure de sélectionner et d’interagir avec des praticiens et des prestataires qualifiés capables de les accompagner dans les phases de formulation et de mise en œuvre d’une stratégie intrapreneuriale sur-mesure.
Mais cela ne suffit pas, car leur performance est tributaire des nombreuses parties prenantes – haute direction, responsables de fonctions support, responsables opérationnels et prestataires externes – : tous ces acteurs doivent également monter en compétence. Sans oublier les intrapreneurs pour qui il est vital d’accéder aux connaissances et savoir-faire qui leur permettront de mener à bien leur projet.